LA RHIZARTHROSE ET LE MUSICIEN
C’est une mauvaise fable pour le musicien. La rhizarthrose est une atteinte dégénérative de la base du pouce susceptible de limiter la fonction de la main et à fortiori celle du musicien.
La colonne du pouce joue un rôle fondamental dans la formation des arches de la main, et l’articulation Trapézo-métacarpienne (TM) est responsable de l’orientation tridimensionnelle du pouce dans l’espace. En ce qui concerne la main musicienne, Philippe Chamagne,(Clinque du musicien et de la performance musicale) insiste sur la préservation de la grande opposition du pouce, la contraction du 1er Interosseux dorsal (IOD) tenseur de l’arche métacarpienne, le creusement de la voûte et la stabilité des arches.
La prise de l’instrument s’avère être un jeu de préhensions complexe. Le pouce y réalise différents types de prises. Il y est soit mobile, soit statique, plus ou moins contraint au port de l’instrument avec une grande variabilité des contraintes.
Quels sont les risques pour le musicien atteint de rhizarthrose ?
Tout d’abord la douleur ou une instabilité douloureuse, qui va se traduire par une douleur à la base du pouce lors de la prise de l’instrument, à la mobilisation des tissus périarticulaires. Cette douleur peut être d’apparition spontanée ou provoquée et très variable en intensité. Au stade débutant, le traitement proposé est médical avec selon les cas, une infiltration, le port d’une orthèse de repos nocturne, et pour la pratique instrumentale le port d’une orthèse de fonction.
Une raideur du pouce peut s’installer insidieusement. Au stade ultime elle peut évoluer vers la fusion articulaire de l’articulation TM, ce qui parfois est peu gênant si c’est autour de la position de fonction. La raideur débute souvent par une limitation de l’opposition ou une fermeture de la 1ère commissure, entravant la mobilité du pouce en opposition ou la réalisation d’écarts. Ceci a des conséquences néfastes sur la stabilité des arches transversales de la main avec une altération de la contre pression lors de l’appui des doigts longs et une imprécision d’appui sur la corde ou bien la touche.
La perte de force est due en premier lieu à la douleur, puis à une amyotrophie de non utilisation. Ceci va se traduire par une diminution progressive de la force d’appui sur la corde ou la touche, voir un évitement avec des phénomènes de compensation perturbant l’équilibre de la main sur l’instrument.
Les orthèses fonctionnelles pour les musiciens
Il est possible de réaliser des orthèses fonctionnelles compatibles avec la pratique instrumentale. Peu d’études ont été réalisées, mais la pratique nous incite à les recommander. Elles permettent de limiter les contraintes et la douleur, de stabiliser l’articulation, d’améliorer le comportement musculaire du pouce et son placement.
Les techniques de « taping » spécifique à la rhizarthrose vont aider le musicien pour un concert ou un évènement, avec une efficacité de quelques heures.
En ce qui concerne la rééducation, ou l’auto rééducation, elle est basée sur les principes de prévention suivants : maintien de l’ouverture de la 1ère commissure, décompression articulaire, renforcement statique des muscles stabilisateurs, éducation à la prise de l’instrument, alternance des rythmes de serrage-relâchement, mise en place d’aides techniques, économie articulaire, développer la mobilité du pouce dans les prises plutôt que l’appui statique longtemps maintenu.

Conseils pratiques : s’échauffer avant de jouer, traction et chaleur pour soulager, port d’orthèses nocturnes systématiques, et fonctionnelles si possible, auto rééducation, étude du geste, placement, mobilité et relâchement du pouce.
La chirurgie de la rhizarthrose : une chance pour les musiciens !
En effet, fruit de plusieurs décennies d’expérimentation des chirurgiens français, les dernières générations de prothèses trapézo-métacarpiennes offrent aux musiciens atteint de rhizarthrose sévère la possibilité de retrouver un pouce indolore, solide et performant en 2 ou 3 mois. L’expérience du chirurgien de la main est un atout majeur du résultat. L’intervention est aujourd’hui une alternative de qualité plutôt que l’arrêt de l’instrument.